Bien sûr, nous souhaitons tous que nos enfants puissent être protégés de tout, que nos bébés puissent grandir et évoluer dans un environnement serein et aimant. Peu importe toute l’énergie que vous mettrez à protéger votre tout-petit, il est hautement probable qu’il ait à faire face, un jour ou l’autre, à une épreuve, un deuil, un accident de la vie. Nous vous proposons ici de nous pencher non pas sur ces aléas mais sur les clés d’une capacité à y faire face et à se reconstruire par la suite : la résilience.

Petite définition de la résilience

À l’origine, la résilience est une capacité physique des matériaux à résister aux chocs et à revenir à un état initial.
Dans les années 90, le terme de résilience apparaît dans le vocabulaire des psychiatres aux États Unis. Selon la définition du Larousse, cette résilience psychologique est l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques.

Boris Cyrulnik, vulgarisateur du concept de la résilience en France

Comment serait-il possible de parler de résilience sans mentionner le neuropsychiatre, éthologue et psychanalyste Boris Cyrulnik ?

Il précise par ailleurs que la précarité (à ne pas confondre avec la pauvreté) est également cause de traumatisme. « Aurons-nous de quoi s’acheter à manger à la fin du mois ? » « Pourrons-nous continuer à vivre dignement ? », etc. En somme, l’incertitude quant aux capacités de répondre à ses besoins primordiaux est à incriminer.

Dopamine et sérotonine

Si l’on sait que la capacité de résilience n’est pas génétique, on a découvert que les bébés nés avec une plus grande quantité de ces hormones (dopamine et sérotonine) seront des enfants plus aptes à résister aux aléas de la vie. Ainsi, les individus à fort taux de sérotonine sont moins émotifs et se laissent moins facilement surprendre. A contrario, une personne à faible taux de sérotonine, bien que plus émotive, aura plus facilement tendance à accepter l’aide d’autrui pour se relever et déclencher un processus de résilience. Cependant, le patrimoine génétique s’exprime très différemment en fonction du milieu dans lequel l’enfant évolue.

De plus, le caractère de l’enfant peut jouer. Un enfant souple, confiant, qui s’adapte facilement à son environnement et aux situations sera davantage enclin à déclencher un processus de résilience.
Dans ces conditions, il n’est possible de comprendre les facteurs (inné, acquis, environnemental) de déclenchement d’un processus de résilience qu’au travers d’un prisme systémique : la biologie, l’affectif et le socioculturel s’influencent les uns les autres.

L’effet Pygmalion

L’effet Pygmalion, la prophétie autoréalisatrice appelée également l’effet Rosenthal & Jacobson est un phénomène qui prouve que l’idée que nous nous faisons de l’autre va influencer, positivement ou non, sa capacité à performer. En d’autres mots, « la croyance que j’ai sur l’autre, de ses qualités, de sa valeur, va se réaliser ». Patrick DUGOIS, sociologue, traduit ainsi en conférence que poser un regard sur l’autre sans jugement, avec compassion permet à l’autre de se sentir valorisé.

Comment encourager les enfants à faire preuve de résilience ?

La vie, c’est 20% ce qui arrive et 80% comment nous réagissons à ces évènements

Ainsi, notre capacité à encaisser un choc, un traumatisme, dépend de la façon dont nous analysons les agressions extérieures ou intérieures. Cette réaction nous vient de notre bagage affectif et environnemental. Par conséquent, comment préparer les enfants à évoluer dans le monde de demain ?

Un attachement sécure

Le climat familial aimant, cette constellation de figures fiables autour de l’enfant, permet à l’enfant de se constituer un socle affectif solide. Avec, il développe le sentiment d’être aimé, donc aimable et d’être accepté pour ce qu’il est. Peu importe les tempêtes qu’il aura à affronter, cette constellation le guidera tout au long de sa vie.

Un environnement soutenant

Ici, l’environnement est envisagé dans son sens le plus large : de la communauté aux politiques gouvernementales mises en place pour accompagner les familles.

Le congé parental est alors un excellent élément de construction de liens d’attachement sécures. Plus il est long et plus la constellation familiale s’enracine.

Les amis, les voisins proches, la famille étendue sont tout autant de nouvelles étoiles qui permettront à l’enfant d’être soutenu et de pouvoir faire le récit de ses émotions et vécu, même pendant les marées de fort coefficient.

Puisque l’environnement est important, autant choisir des alliés soutenants. Identifier les personnes positives dans votre entourage permet de voir le verre à moitié plein. L’entraide et la solidarité sont des qualités qui portent le phénomène de résilience.

Une capacité à la mentalisation

La façon dont on se représente les événements qui surviennent autour de nous est grandement influencée par notre personnalité et notre conditionnement.

Le secret est avant tout d’aider son enfant à bâtir une confiance en soi à toute épreuve. L’encourager à faire preuve d’estime de soi va lui permettre de se positionner en tant qu’acteur de sa vie et non victime. L’idée n’est pas de nier les aléas de la vie mais de reconnaître leur existence tout en l’aidant à prendre conscience qu’il a en lui toutes les capacités pour y faire face et se relever.

Le second élément clé est d’encourager les projets, les défis, les rêves à réaliser de votre tout-petit. Si ses rêves sont atteignables, même farfelus, jouez le jeu et donnez-lui les moyens de mener à bien ses projets. La ténacité dont vous ferez preuve lui servira d’exemple pour réaliser ses propres rêves.

Le troisième point est la capacité de l’enfant à accepter le changement. Vous pouvez l’encourager en lui enseignant comment s’y adapter, comment accepter les situations nouvelles et comment faire contre mauvaise fortune bon cœur. Si par exemple le four ne veut plus s’allumer, organisez un pique-nique au salon. Ce sera l’occasion de transformer une déconvenue en formidable souvenir.

Le dernier secret est la gratitude que nous éprouvons. Vous pouvez encourager ce sentiment en discutant tous les soirs des beaux moments de la journée et en notant la chance que vous avez de pouvoir partager ces instants si précieux.

Une réparation active

Lorsque votre enfant renverse son verre, le meilleur moyen de l’aider à se construire une image positive est encore de lui demander comment réparer cette maladresse et de le laisser agir. Il en est de même pour tous. Ainsi, lors d’incidents majeurs, les populations impliquées dans la reconstruction ou l’action de soutien, sont les personnes qui vont enclencher un processus de résilience le plus rapidement. L’action permet alors de se sentir utile et de lutter contre le sentiment d’impuissance si néfaste au bien-être.

En bref

Si la résilience n’est pas une carte joker pour se prémunir contre tous les accidents de la vie, elle est un mécanisme issu de compétences et mentalisations offertes à l’enfant pour se relever plus vite, plus fort et grandir encore après chaque épreuve. Votre amour et votre soutien sont la clef de voûte de cet incroyable petit être qui révolutionne votre vie jour après jour.

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Pour aller plus loin

  1. Lisez l’article La résilience : un processus multicausal par Boris Cyrulnik dans la Revue française des affaires sociales 2013 1-2
  2. Découvrez la pensée de Blaise Pierrehumbert avec son livre Le premier lien : Théorie de l’attachement aux éditions Odile Jacob
  3. Visionnez l’excellent TEDx HEC Montréal de Brigitte Lavoie Créer la résilience
  4. Regardez la conférence TEDxAsfi La résilience, le pouvoir de rebondir plus haut après une épreuve de Caroline Codsi
  5. Découvrez également l’épisode Résilience de la série Psycho d’Arte