Les enfants ont une imagination débordante et une envie d’exploration inépuisable. Ils pourraient passer des heures à jouer avec tout et n’importe quoi ! D’ailleurs, vous vous êtes déjà demandé pourquoi les enfants détournaient l’utilisation première des objets du quotidien ? Comme la table à manger qui devient leur cabane préférée ou même votre table basse qui devient un circuit automobile.
Décryptons ensemble ces comportements en s’appuyant sur la théorie de l’affordance et découvrons comment ce concept et la libre exploration peuvent être utilisés dans l’aménagement de nos espaces.
À la découverte de l’affordance !
Tout d’abord, remontons un peu le temps et arrêtons nous en 1970. James Gibson, psychologue américain, explique que l’Homme interagit facilement dans un environnement grâce à sa capacité de percevoir des actions qui s’offrent à lui avec des objets. Il nous indique qu’un environnement n’existe pas à côté d’un individu mais toujours par rapport à un individu.
Prenons un exemple, si un adulte rentre dans une pièce pour la première fois et qu’il voit un bloc, ni trop gros ni trop petit et à la hauteur de ses genoux. Sans vraiment y penser et avec fluidité, l’individu va vouloir s’asseoir dessus. Maintenant, prenons la même pièce et le même objet mais cette fois-ci avec un petit d’Homme. Pour celui-ci, l’action ne sera pas la même : il sera plus enclin à grimper dessus ou à le transformer selon sa perception.
Cette perception face à un objet/un environnement, c’est ce que va appeler James Gibson : l’affordance. Ce mot affordance est un néologisme anglais formé à partir du verbe anglais « To afford » qui signifie « procurer l’envie de… » ou « donner l’opportunité de… ».
À la découverte de la libre exploration !
Assez simplement, la libre exploration c’est l’occasion pour Bébé ou pour un enfant de jouer ou d’explorer selon son envie, ses capacités mais aussi selon son imagination. C’est aussi permettre à l’enfant d’expérimenter des objets entre eux, de découvrir des nouveaux espaces, de mélanger des jeux ou des objets… Ainsi, il pourra vivre des expériences différentes et enrichissantes au gré de son développement.
Toutefois, la libre exploration ne veut pas dire que vous ne devez pas être présent. Gardez un oeil observateur afin de veiller à ce que tout se passe pour le mieux. Bébé aimera vous voir dans son champ de vision et pourra explorer plus librement les espaces.
En quoi l’affordance et la libre exploration sont utiles dans le développement d’un Bébé ?
Laissez-nous vous présenter Eleanor Gibson, épouse de M. Gibson, mais également et surtout psychologue. Elle a étudié le développement des tout-petits en le reliant à l’affordance et à l’exploration.
Eleanor Gibson montre qu’un Bébé qui explore librement son environnement en fonction des objets qui s’offrent à lui, apprend ! Et il apprend en développant de nouvelles affordances : grimper, porter, se cacher, s’asseoir, transvaser, etc. Plus un Bébé grandit, plus les invitations des objets évoluent et deviennent complexes et riches.
Créer un environnement riche en affordances et favoriser la libre exploration c’est permettre à Bébé :
De mieux connaître un objet et de découvrir des fonctions de celui-ci en le testant avec d’autres objets ;
De développer sa confiance en soi grâce notamment à la confiance que vous lui donnez en le laissant faire ses expérimentations ;
De développer sa curiosité, sa créativité et son imaginaire ;
D’utiliser plusieurs de ses sens ;
D’apprendre selon son rythme d’apprentissage.
Comment favoriser les affordances et la libre exploration ?
Si nous ne pouvons pas forcer une affordance, nous pouvons la provoquer en repensant nos espaces pour offrir un environnement riche d’actions.
Lire son environnement en pensant affordance
Dans un premier temps, pour offrir le plus d’affordances possible aux enfants, il faut revoir notre perception des objets et des espaces. Revoir notre perception c’est changer notre regard en se mettant à la place des enfants. Pour cela, il va falloir lire votre espace mais pas simplement en listant les objets qui s’y trouvent mais en utilisant une description dynamique.
Pour y arriver, posez-vous les questions suivantes :
Comment l’enfant va t’il se sentir invité par l’objet ?
Qu’est-ce que ça va lui procurer ?
Comment permettre à l’enfant d’investir les lieux ?
Quelles dispositions vont amener à tel ou tel comportement ?
Repenser et réfléchir l’aménagement des espaces
Une fois la lecture dynamique de votre environnement réalisée, il est temps de repenser votre aménagement !
Parce qu’il n’existe pas une seule manière d’aménager un espace et que rien n’est figé voici quelques pistes de réflexion :
Ouvrir les espaces et autoriser le déplacement des jeux dans plusieurs endroits. Par exemple, vous pouvez laisser un enfant prendre une passoire du coin dinette pour l’utiliser dans un autre endroit ;
Mettre des tapis plus grands afin d’inviter les tout-petits à explorer plus loin ;
Choisir des jeux permettant d’élargir les possibilités d’actions ;
Mettre des tapis de protection pour sécuriser certains endroits. Par exemple, vous pouvez sécuriser l’exploration d’une table en mettant des tapis au sol ;
Aller au-delà de l’esthétisme et vraiment penser aux invitations d’un endroit.
Ces suggestions fonctionnent aussi bien pour un espace intérieur qu’un espace extérieur.
Pour conclure
Les enfants sont de véritables explorateurs : ils aiment expérimenter, grimper, tester, et même se tromper. La théorie de l’affordance nous permet de mieux comprendre certains jeux et comportements de nos enfants et de saisir l’importance qu’ils ont dans leur apprentissage. C’est en favorisant l’exploration que vous pourrez offrir une richesse d’affordances dans vos espaces.
Zoom sur le métier de Rokiyah Hosen, psychomotricienne auprès des enfants. Elle nous explique avec simplicité son travail et ses spécificités dans l’Hygiène Naturelle Infantile.
Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours professionnel ?
Je m’appelle Rokiyah Hosen, je suis psychomotricienne diplômée d’État et exerce principalement auprès des enfants en structure hospitalière et en tant que professionnelle libérale. J’ai aussi une expérience en EHPAD avec les personnes âgées et dernièrement au sein d’une Unité d’Enseignement en Maternelle (UEMA) auprès de jeunes enfants avec Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA). Je suis aussi auteure : l’Hygiène Naturelle Infantile, formatrice pour les professionnels et accompagnante parentale exclusivement sur le sujet de la continence de l’enfant.
Pouvez-vous expliquer votre métier de psychomotricienne comme si vous l’expliquiez à un enfant ?
Lors d’une première rencontre, avant d’expliquer mon métier, je demande à l’enfant s’il sait pourquoi il est ici, pourquoi il vient me voir et je rebondis sur ce qu’il a plus ou moins compris.
Ensuite je l’explique souvent ainsi :
« Je suis là pour voir comment tu vis avec ton corps, découvrir quelles sont tes difficultés, tes points faibles, et quelles sont tes facilités, tes points forts, mais aussi tes préférences et ce que tu n’aimes pas, ce qui te met mal à l’aise. Pour cela, je vais te proposer des jeux, ainsi je vais apprendre à te connaître en évaluant :
Ton niveau d’attention, si tu peux rester concentré sur une activité, et voir si justement cela ne perturbe pas tes jeux (ou ton travail en classe selon les situations). ».
La psychomotricité est à la fois thérapeutique et rééducative.
Quels sont les patients que vous recevez dans votre cabinet de psychomotricienne (enfants, adultes) ?
La majorité sont des enfants en âge scolaire (adolescent compris) qui viennent après une recommandation de leur enseignant.e pour des difficultés rencontrées en classe, comme l’écriture ou bien l’agitation. Il m’arrive aussi de recevoir des enfants plus jeunes lorsque les parents sont inquiets sur le développement psychomoteur. J’ai aussi des adultes, rarement, et personnes âgées pour le maintien de leurs compétences.
Pour quelles raisons vos patients viennent-ils vous voir ?
Ils peuvent venir dans le cadre :
De la prévention pour détecter des difficultés ou retard dans le développement, puis proposer une éducation psychomotrice ;
De la rééducation psychomotrice pour traiter et réduire les troubles observés préalablement lors du bilan psychomoteur ;
D’une demande pour compléter un diagnostic médical.
À quelles pathologies êtes-vous le plus souvent confrontée dans votre métier de psychomotricienne ?
Les motifs de consultations sont divers :
Troubles neurodéveloppementaux : trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperactivité, Trouble Développemental de la Coordination, Trouble du Spectre de l’Autisme, troubles spécifiques des apprentissages etc.
Troubles du comportement, difficulté avec ses émotions, handicap quelle que soit l’origine.
La majorité sont des enfants en âge scolaire (adolescent y compris) qui viennent après une recommandation de leur enseignant.e pour des difficultés rencontrées en classe comme l’écriture ou bien l’agitation. Il m’arrive aussi de recevoir des enfants plus jeunes lorsque les parents sont inquiets sur le développement psychomoteur. J’ai aussi des adultes, rarement, et personnes âgées pour le maintien de leurs compétences. Les motifs de consultations sont divers : troubles neurodéveloppementaux (TDA/H, TDC, TSA, Troubles spécifiques des apprentissages etc), troubles du comportement, difficulté avec ses émotions, handicap quelle que soit l’origine.
Comment détecter des difficultés psychomotrices chez son enfant ?
Même si on ne souhaite pas comparer son enfant à un autre, ou à un groupe d’enfant du même âge, les doutes peuvent commencer souvent par là, d’autant plus quand les écarts sont de plus en plus visibles en termes de compétences psychomotrices ou de comportement. La différence, en toute transparence, est un des leviers qui pousse à s’inquiéter, d’où l’importance du psychomotricien à bien connaître les étapes du développement psychomoteur, de se baser sur des outils d’évaluation et une observation fine.
L’autre point qui permet de détecter les difficultés concerne l’autonomie de l’enfant, il se retrouve en difficulté pour finir une tâche, il se montre peu habile dans son corps et dans ses relations sociales, son comportement et sa façon de vivre ses émotions le mettent à mal. En identifiant ses difficultés, on déculpabilise l’enfant et ses parents.
Quelle est votre spécialité de psychomotricienne ?
Suite aux nombreuses demandes de parents, je me suis spécialisée, à travers mes recherches lors de l’écriture de mon livre, à l’accompagnement du besoin d’élimination via la communication vers la continence en autonomie. Elle regroupe l’Hygiène Naturelle Infantile souvent assimilée aux bébés et la continence des enfants en âge pré-scolaire. Mon approche prend en compte le développement psychomoteur de l’enfant en lien avec la continence en autonomie de l’enfant.
Pouvez-vous nous décrire le déroulé d’une séance consacrée à l’Hygiène Naturelle Infantile (HNI) ?
Alors que les ateliers de groupe de parents peuvent se faire en format webinaire ou en présentiel, les séances consacrées à l’HNI ou la continence de l’enfant, se font exclusivement en visio afin que chaque famille puisse bénéficier de cet accompagnement.
Je reçois des jeunes parents qui ont le projet de mettre en place l’Hygiène Naturelle Infantile mais aussi des parents qui me consultent pour leur enfant en âge pré-scolaire (avant l’entrée en école maternelle) voire plus, car ces derniers rencontrent des difficultés vis-à-vis de leur continence en autonomie.
Pendant la séance, je fais le point sur ce qui a fonctionné ou non, durant les périodes de propositions du pot, afin de repérer ce à quoi l’enfant est sensible. Selon la problématique mentionnée, je passe toujours par une étape d’explications sur les bases du besoin d’élimination afin que le parent comprenne l’intérêt des pistes qu’on va évoquer par la suite. Je procède aussi beaucoup par analogie afin de valoriser les compétences parentales, car en réalité, le parent sait accompagner son enfant sur ses autres besoins physiologiques primaires (faim, soif, sommeil) mais comme le sujet de la continence est encore tabou ou traité de manière trop superficielle, c’est naturel qu’il tâtonne. Il est préférable que l’enfant ne soit pas présent car durant l’heure, nous construisons ensemble des pistes afin d’accompagner l’enfant étapes par étapes. L’enfant a besoin d’avoir confiance en lui et de comprendre pourquoi il est amené à éliminer ses urines et selles aux toilettes. Je présente alors en visio des outils que j’ai créés mais surtout des jeux ou objets qu’on a tous à la maison afin que le parent les réutilise avec facilité avec son enfant. En général, une séance suffit.
De quel matériel vous servez-vous ? Et comment vous en servez-vous ?
Je n’utilise pas tout mon matériel en séance, il me sert pour schématiser les fonctions du corps humain et expliquer de manière ludique.
J’ai un sac dédié aux accompagnements et ateliers sur le besoin d’élimination qui contient :
Pour représenter une vessie
Une petite bouteille en plastique.
Un entonnoir pour représenter une vessi.
Pour expliquer l’excrétion
Un pot de pâte à modeler et sa seringue.
Un toboggan ou un garage pour rappeler le chemin qu’empruntent les selles (descente naturelle).
Pour respecter la durée sur le pot avec un engagement minimum
Un timer.
Un sablier.
Pour comprendre les positions d’élimination
Une poupée à corps mou.
Une vidéo.
Des schémas.
Pour présenter du matériel à utiliser chez soi
Quelques modèles de pots et réducteur de toilettes.
Des culottes d’apprentissage et culottes classiques.
Pour compléter mes explications
Quelques livres coup de cœur.
Des illustrations représentant des enfants dans leur quotidien pour planifier leur journée qu’on peut retrouver sur Pinterest.
Mes fiches exclusives pour travailler le passage des sensations aux perceptions sensorielles.
Je privilégie du matériels et jeux que les parents ont déjà chez eux, ainsi les enfants sont déjà familiarisés avec. Je n’utilise pas l’intégralité de mon sac, c’est en fonction de la problématique évoquée.
Article rédigé en partenariat avec Cléa Secci, kinésithérapeute pédiatrique.
La plagiocéphalie positionnelle de Bébé est une déformation du crâne consécutive à l’application d’une force extérieure sur une zone du crâne et de façon répétée. C’est la position préférentielle qu’adopte le nourrisson qui est en cause. Elle concernerait 1 enfant sur 5. Face à une telle situation, il est recommandé de consulter un kinésithérapeute spécialisé en pédiatrie. Voici quelques notions intéressantes à retenir sur le sujet.
5 choses sur la plagiocéphalie positionnelle du nourrisson
1 – L’aplatissement du crâne est le reflet d’un manque de mobilité global du bébé vers un côté non préférentiel, entraînant une plagiocéphalie, ou bien de façon bilatérale, entraînant une brachycéphalie.
2 – C’est l’évolution vers une mobilité globale et cervicale riche du bébé qui va permettre au crâne de se remodeler progressivement. Ce gain de mobilité peut se faire par le biais d’exercices actifs avec Bébé montrés par votre kinésithérapeute pédiatrique et à reproduire à la maison, ainsi que des mobilisations que ce dernier réalisera en séance.
3 – Bébé apprend beaucoup sur le plan moteur lorsqu’il est positionné à plat sur le dos sur une surface ferme. Ainsi il ressent mieux son corps et ses points d’appui et emmagasine de l’expérience pour développer un large panel d’adaptations posturales et sa motricité. Pour cela, le choix d’un tapis de qualité est important. Il vaut mieux éviter les revêtements textiles qui empêchent les glissements.
5 – Le remodelage du crâne est un processus plus lent que celui de la déformation. La prise de mesures crâniennes par votre kinésithérapeute (espacées d’un mois et demi environ) permet de quantifier objectivement l’évolution.