En matière d’éducation, de recrutement ou bien tout simplement de management, on voit fleurir depuis quelques années un terme aux consonances anglo-saxonnes : les soft skills ! Poussées au rang des compétences “IN” à avoir aujourd’hui, les soft skills (ou compétences comportementales) ne sont pas l’apanage d’une poignée d’avant-gardistes. Bien au contraire, nous pouvons tous les développer pour gagner en agilité (et vivre avec plus de douceur chaque changement de situation). Alors autant que faire se peut, donnons toutes les clés à nos enfants pour les cultiver et les mettre en avant au moment opportun.
C’est quoi les soft skills ?
Les soft skills désignent l’ensemble des compétences comportementales, autrement dit LES qualités qui font notre “savoir-être” : créativité, ouverture d’esprit, confiance en soi et en autrui, capacité de communication… Elles intègrent clairement les dimensions affectives et relationnelles de chacun. Reconnaître ses émotions, les apprivoiser et les gérer sont autant de ressources pour se sentir bien dans la vie scolaire, professionnelle ou sociale.
En opposition, on parle des hard skills pour désigner l’ensemble des compétences techniques qui concourent à ce que l’on nomme communément le “savoir-faire” : appliquer une méthode, maîtriser un outil…
Les soft skills sont nombreuses et il est coutume que notre jardin intérieur en dispose de plusieurs. À ce titre, les pays anglo-saxons parlent de life skills ou “compétences de vie”. A chacun de les identifier, leur faire une place et les laisser s’exprimer en toute bienveillance.
Top 5 des soft skills
Sur le web, il existe tout un florilège de soft skills. Pour vous y retrouver, nous vous proposons une liste (non exhaustive) des compétences socio-émotionnelles qui reviennent le plus fréquemment :
- La résolution des problèmes complexes ;
- L’esprit critique ;
- La créativité ;
- La collaboration (esprit de groupe) ;
- La flexibilité.
Ces qualités sont particulièrement recherchées dans le monde professionnel, elles sont d’ailleurs tout à fait transposables à l’éco-système de l’école.
À quoi servent les soft skills ?
Dans son essai, Le potentiel caché de votre ado, Nathalie Anton donne une définition plus précise. Elle s’appuie notamment sur la classification de l’organisme américain CASEL qui promeut depuis le milieu des années 90 le développement des soft skills dans le parcours des élèves. Ainsi, les soft skills sont présentes à différents niveaux :
- La connaissance de soi : être capable d’identifier et nommer ses émotions, évaluer ses forces et faiblesses, renforcer l’estime de soi.
- La maîtrise de soi : réguler ses émotions, gérer son stress, se fixer des objectifs et les atteindre.
- L’aptitude aux relations : savoir détourner les conflits et les résoudre, communiquer clairement, favoriser le sentiment d’appartenance, savoir demander de l’aide.
- La prise de décision juste et éclairée : veiller à son bien-être et à celui de son voisin, faire des choix raisonnés, anticiper les conséquences de ses actes.
- La conscience sociale : développer l’empathie, apprécier la diversité, respecter les normes sociales.
Comment développer les soft skills ?
Les avancées technologiques nous font évoluer vers un monde dont les mutations sont profondes. La robotisation et l’automatisation de plus en plus de tâches tendent à rendre obsolètes certaines de nos hard skills, et ce de manière assez fulgurante. Alors comment tirer son épingle du jeu dans cette standardisation ? En capitalisant sur nos compétences socio-émotionnelles et en cherchant à les développer dès le plus jeune âge. Voici quelques pistes pour initier la démarche dès l’école élémentaire :
Mettre en place un système de “métiers” en classe pour favoriser la prise de décision :
Maître du temps, responsable du matériel… On vous donne plusieurs exemples dans notre article “Classe flexible : 5 conseils pour mieux gérer l’ambiance et la concentration des élèves“.
Faciliter les rencontres avec l’extérieur pour développer l’ouverture d’esprit et la confiance à l’autre :
Un artiste qui présente son oeuvre, un parent d’élève qui fait découvrir son métier, un bénévole qui met en avant l’association dans laquelle il s’investit…
Initier les enfants au yoga, à la méditation…
Autant de pratiques reconnues pour exercer sur notre conscient un pouvoir de lâcher prise. Savoir faire le vide rapidement est une compétence clé pour la gestion du stress et des émotions. Et ce, à n’importe quel moment de sa vie personnelle ou professionnelle.
Encourager les élèves à gagner en éloquence :
Savoir exprimer et défendre ses idées sans agressivité mais surtout avec aplomb, voilà un bagage intéressant pour plus tard ! En classe, vous pouvez lancer un sujet et demander à chaque élève d’exprimer son point de vue. Par exemple : “Peux-tu me dire de quoi tu es le plus fier et pourquoi ?”. Le contenu de la réponse importe peu. Ce qui compte c’est le cheminement que suivra chaque élève pour exposer sa réponse et avec le recul la satisfaction personnelle qu’un tel exercice pourra lui procurer.
Proposer un projet commun à l’ensemble de l’école pour impliquer TOUS les élèves :
Par exemple, pourquoi ne pas organiser un ramassage des déchets autour de l’école et inviter les habitants du quartier à y participer ? Organisation du parcours, création des groupes de collecte, création d’une affiche autour de l’événement… autant de missions diverses auxquelles chacun pourra prendre part. A la clé : un sentiment d’appartenance renforcé !
Certains élèves seront prédisposés à avoir de multiples soft skills quand d’autres devront redoubler d’ingéniosité pour en tirer tous les bénéfices. Qu’importe ! Les soft skills s’acquièrent tout au long de la vie (et non pas dans les livres) : au fur et à mesure des rencontres, au contact d’environnements différents, au fil des pérégrinations… Ouvrez grand les yeux et les oreilles !
Soft skills : que disent les programmes scolaires en France ?
Si cet anglicisme a commencé par faire du bruit dans la sphère professionnelle, il prend désormais toute sa place à l’école. Ainsi, depuis septembre 2016, les programmes de l’Éducation Nationale intègrent les compétences sociales et émotionnelles à travers différents domaines comme suit :
- “Langages pour penser et communiquer” : exercice de l’esprit critique, expression personnelle et écoute d’autrui.
- “Méthodes et outils pour apprendre” : gestion du temps, collaboration et coopération en groupe.
- “La formation de la personne et du citoyen” : faire prendre conscience à l’élève de la portée de ses actes et de ses paroles.
- “Les systèmes naturels et les systèmes techniques” : avoir un comportement responsable vis-à-vis de l’environnement et de la santé.
- “Les représentations du monde et de l’activité humaine” : comprendre le monde qui nous entoure.
Une démarche qui débute dès la maternelle
L’école maternelle constitue une première étape dans la reconnaissance et la valorisation des soft skills. C’est ici que se construisent les premiers éléments de socialisation nécessaires à la construction et à l’épanouissement de chaque enfant. Plus tard, à l’école élémentaire, les enfants sont plus en capacité de coopérer, de s’engager avec autrui et de développer ainsi leurs savoir-être. En effet, les élèves ont dans la majorité des cas un seul enseignant, véritable interlocuteur privilégié tout au long de l’année avec qui une relation de confiance peut s’instaurer dans la durée et faciliter l’acquisition des soft skills.
De la théorie à la pratique : quels frein pour la mise en place ?
Alors que dans les textes le développement des soft skills est inscrit au programme. La route reste encore longue pour faire du développement des habiletés sociales un rendez-vous régulier en classe. À partir du collège, les rythmes scolaires s’intensifient et le nombre de professeurs pour une même classe se multiplie. Certes, les emplois du temps prévoient des temps de vie de classe ou d’éducation civique. Mais ceux-ci mériteraient d’être réévalués afin de donner une véritable place au développement des soft skills. A titre d’exemple, un collège nord-américain propose de débuter chaque journée par 30 minutes de discussion. Dès lors, les élèves se retrouvent (par groupe de 15) pour échanger autour des aptitudes socio-émotionnelles.
Parce que les adultes de demain se construisent dès maintenant, gageons que les enseignants, déjà aguerris au développement des soft skills, sauront initier le mouvement auprès d’un public de professionnels de l’éducation plus large. A la clé : des relations de qualité entre élèves mais aussi entre élèves et adultes.
Pour conclure : soft skills… des compétences clés pour demain
Dans un monde du travail en perpétuelle évolution, savoir faire preuve d’agilité s’avérera être un réel atout. D’où l’importance pour nos enfants de nourrir dès leur plus jeune âge leurs soft skills pour faciliter leur capacité d’adaptation. À l’heure où 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore (selon une étude réalisée par Dell et l’Institute for the future en 2017), la prise en considération des soft skills aux yeux de l’intérêt général n’arrive pas de manière impromptue. Prenons appui sur ces nouvelles avancées pour donner à nos enfants un avantage de taille : celui de savoir s’adapter aux changements de demain sans les subir !
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Pour aller plus loin :
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- Brainy Club : c’est quoi les soft skills ?
- Les Décliques : les savoir-être ne s’apprennent pas qu’à l’école
- Edupronet : de l’importance des soft skills dans l’éducation
- Acadomia : les soft skills une nouvelle priorité dans l’éducation ?
- Étude DELL & Institute for the future