Dans une classe à cours simple et d’autant plus à multi-niveaux, il me paraît essentiel de mettre en place une pédagogie coopérative. Et dans cette lignée, de créer un système de tutorat entre élèves. En effet, nous constatons chaque année que nos classes accueillent de plus en plus d’élèves ayant des niveaux hétérogènes.
Comment mettre en place le tutorat en classe ?
Chaque début d’année, un ou deux CE2 (selon le nombre d’enfants par niveau) deviennent élèves tuteurs. Ils prennent alors sous leur aile un élève de CE1. Ils constituent une aide pour l’enseignant dans les tâches de vérification d’agenda, de trace écrite dans les matières se rapportant au questionner le monde, l’espace et le temps. Certains CE2 qui peuvent être en difficulté lors du passage à l’écrit ont également un tuteur. D’autres qui s’avéraient assez lents lors de la phase écrite se révèlent car impatients d’aider leur camarade. Ils sont investis d’un rôle. En leur confiant cette mission, nous les rendons plus responsables dans leur travail personnel et dans leur attitude en classe. La pédagogie coopérative prend tout son sens.
L’importance de responsabiliser les élèves
La vigilance doit être de mise. Certains enfants qui pourraient attendre leur tuteur pour qu’il fasse tout à leur place. Le but est de commencer le travail seul. Puis d’être aidé si l’expérience écrite s’avère trop longue, fatigante pour le nouveau CE1. Petit à petit, l’élève tuteur se détachera de son élève tutoré pour que ce dernier se prépare progressivement à l’inversion des rôles l’année suivante.
Quelles qualités développer chez l’élève ?
Cette expérience de tutorat va de pair avec la coopération qui peut se jouer entre élèves. La coopération ne se résume pas aux jeux collectifs en éducation physique et sportive. Elle fait partie intégrante d’une bonne ambiance de classe. Les élèves doivent savoir faire preuve d’empathie et de bienveillance envers leurs camarades. Aussi, j’encourage mes élèves à aller aider un autre qui se trouve en difficulté. Reformuler les consignes, formuler des explications sans donner la ou les réponses est un vrai challenge pour certains mais permet de fixer ses connaissances. Développer sa pratique réflexive au service de l’autre lui donne des outils pour lui-même enrichir sa capacité à formaliser les savoirs.
Le fonctionnement de la classe coopérative
De la même manière, lorsqu’un élève a terminé de résoudre un problème en mathématiques et que j’ai constaté qu’il l’a bien réalisé, il va confronter ses réponses avec un autre. Si les deux élèves ont les mêmes résultats, ils vont chacun de leur côté, comparer leurs réponses avec d’autres enfants. Mais s’ils se trouvent face à des élèves qui n’ont pas réussi le problème, ils se mettent alors en situation de coopérateur. Ils travaillent avec leurs camarades dans le but de les faire progresser en tentant de trouver le pourquoi des erreurs.
Comment organiser la coopération entre élèves ?
Dans un premier temps, ils doivent écouter leur camarade pour prendre connaissance de la manière dont il a compris l’énoncé. Si c’est sur cette première étape qu’il y a eu des difficultés, l’élève aidant peut matérialiser le problème en utilisant du matériel, un schéma, un dessin… Si le problème a été compris et que l’erreur se situe dans le calcul réalisé, alors le coopérateur pourra revenir avec l’élève sur les techniques opératoires en les lui réexpliquant. Bien sûr, l’enseignant ne restera pas passif durant cette phase, il fera le tour des groupes pour prêter attention à ce qui sera dit et restera présent pour expliquer le cas échéant aux enfants qui ont besoin de plus d’explications et d’entraînement pour mener à bien leur travail.
Ce travail se décline également en français, en géométrie… Ainsi on peut envoyer des élèves qui ont le bon geste pour tracer et mesurer avec la règle. Ils expliqueront concrètement leur savoir-faire aux autres. Un travail d’équipe, voilà ce qui résume la pédagogie coopérative.
La pédagogie coopérative : grandir dans ses apprentissages et faire grandir l’autre
Les exemples de situations sont multiples. Elles rendent la classe vivante. L’élève, par définition, est celui qui reçoit l’enseignement. Mais de mon point de vue, il ne s’accomplit pleinement dans son rôle que lorsqu’il est capable de transmettre à son tour ses idées, ses connaissances, ses savoir-faire, au service de l’autre. Le professeur des écoles se fixe alors cet objectif : enseigner et enrichir la pratique réflexive. Ainsi, elle permettra au jeune apprenant de découvrir un nouveau métier d’élève : auxiliaire.