Savoir partager est un apprentissage difficile pour le tout-petit mais une habileté sociale essentielle pour s’entendre avec les autres. Celle-ci prend du temps et suit des étapes parallèles à la construction identitaire de l’enfant. Ce nouvel épisode de la série Dis-moi vous donne quelques clés pour accompagner l’enfant dans ses apprentissages.
Dis-moi… pourquoi partager est-il si difficile quand on est tout-petit ?
Dans cette vidéo, Ilian, âgé de 2 ans et demi, construit un train avec des blocs. Voyant que Laura s’amuse avec la construction qu’il a réalisée, il court pour la récupérer. Chacun manifeste alors son désir d’avoir les blocs pour lui tout seul. Avant l’âge de 3 ans, l’enfant n’aime pas partager. Prêter un jouet pour le donner à un autre, c’est comme lui arracher un bout de lui même. Il a l’impression que les personnes et les objets qui l’entourent ne sont là que pour lui. Il ne comprend pas encore que l’autre existe avec ses propres émotions et désirs : c’est pourquoi, cela crée parfois des conflits. En effet, avant d’avoir conscience d’autrui, l’enfant doit avoir conscience de lui-même. De plus, dans cette situation, Laura et Ilian ont peu de mots pour exprimer ce qu’ils veulent et leur cerveau n’est pas encore mature pour contrôler leur impulsions. Ils ne sont pas encore capables :
- de résister à l’envie de s’emparer d’objets qui ne sont pas à eux,
- de comprendre la notion du temps et donc, d’être capable d’attendre,
- de parler pour comprendre le point de vue de l’autre.
Seuls la maturation de leur cerveau, le développement du langage et les interventions des adultes aideront Laura et Ilian à apprendre à jouer ensemble.
Comment accompagner l’enfant ?
La notion de partage n’est comprise par l’enfant qu’à partir de 4 ans. Il lui faut du temps donc pour apprendre à partager. Voici quelques conseils pour l’encourager :
- l’aider en nommant les gestes et les situations,
- proposer des alternatives, comme prêter ou échanger un jouer,
- le féliciter lorsqu’il manifeste des comportements de partage,
- apprendre à partager en lui montrant l’exemple : « J’ai une poupée, je peux te la prêter si tu veux. »,
- accompagner les frustrations vécues quotidiennement et comprendre que la plupart sont normales et structurantes,
- en cas de dispute à propos d’un jouet, l’aider à trouver une solution au lieu de régler la situation à sa place. Cela lui donnera des habiletés nécessaires pour régler ses disputes lui-même.
Pour aller plus loin
- Deux épisodes de la série “1000 jours pour grandir” diffusé dans l’émission La Maison des Maternelles (France 5) :
- Le dossier dédié au “comportement prosocial” de l’Encyclopédie du jeune enfant. Selon Bouchard, Cloutier et Gravel ¹, « la prosocialité (ou comportement prosocial) renvoie à l’ensemble des comportements sociaux observables orientés vers le bénéfice d’autrui ou le partage des coûts et bénéfices avec autrui . En résumé, ce sont des comportements qui sont constructifs et qui facilitent les relations interpersonnelles entre les individus. Le partage, la coopération, le réconfort ou l’aide sont tous des exemples de comportements prosociaux »
¹https://monde.ccdmd.qc.ca/ressource/?id=61465