«Le jeu, c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie.» disait Pauline Kergomard, fondatrice des écoles maternelles telles que nous les connaissons. Stéphanie Labonde, psychologue exerçant dans l’ouest de la France, nous explique l’importance du jeu pour les enfants dès leur naissance.
Quelle est l’importance du jeu dans le développement de l’enfant ?
Le jeu est l’activité principale de l’enfant avec comme finalité pour lui, le plaisir. En revanche, il s’agit d’une activité très sérieuse à respecter au même titre que le travail d’un adulte ! Le jeu est à la fois un moyen de construction et de développement (moteur, affectif et intellectuel) et un mode d’expression des préoccupations de l’enfant dans une tentative de maîtrise des émotions. Selon l’âge, les fonctions du jeu sont différentes :
- de 0 à 2 ans : les jeux sensori-moteurs développent les cinq sens et la motricité ;
- à partir de 2 ans : l’apparition du jeu symbolique (jeux d’imitation et du faire semblant), les représentations du réel (jeu de construction), le développement du langage et la socialisation sont les principales fonctions ;
- vers 5-6 ans, il devient collectif et prend une dimension sociale ;
- les “jeux à règles” apparaissent vers 7 ans, grâce aux jeux de société.
Pourquoi laisser les enfants choisir leurs jeux ?
Il est très important de laisser l’enfant jouer à tout type de jeu, afin de favoriser l’exploration et l’expérimentation. Plus les supports seront variés, plus les apprentissages seront diversifiés. Ce qui est important n’est pas ce avec quoi il joue mais comment il y joue ! Je constate que les enfants s’intéressent spontanément et jouent de façon similaire et aux mêmes jeux, jusqu’à 3 ans environ.
Faut-il laisser les filles jouer à des “jeux de garçons” et inversement ?
Au-delà de 3 ans, conscients de la différenciation sexuelle et de leur sexe biologique, ils ont tendance à imiter le comportement du parent de même sexe, afin de séduire le parent de sexe opposé. Cette réaction est en lien avec le complexe d’Œdipe. Seulement à certains moments, l’enfant s’essaie à des jeux à connotation féminine ou masculine (regard social), afin de renforcer son positionnement dans la construction de son identité sexuée. J’observe aussi que les garçons et les filles ne jouent pas de la même manière avec le même jeu, à partir de 3 ans. L’utilisation du jeu sera marquée par l’identification de l’enfant à son sexe et à ses préoccupations du moment. Par exemple, au cabinet, j’ai un château de princesse rose très “girly” : les filles jouent avec la princesse, alors que les garçons prennent d’assaut le château avec les soldats. Quand, dans la fratrie, les enfants sont de sexe différents, il est fréquent d’observer que les enfants s’essayent à des jeux opposés (connotés fille ou garçon). Il est important de les laisser faire car cela participe à la résolution de la rivalité fraternelle.