Émotions de l’enfant, gestion émotionnelle et cerveau… On décrypte avec vous ces grands concepts qui alimentent toujours les débats scientifiques, et sont au cœur du développement quotidien des enfants de tout âge.
Qu’est-ce qu’une émotion ?
“Il n’y a pas d’approche et de compréhension possible du bébé sans une place centrale faite aux émotions : les siennes et celles de son groupe familial.”
Bernard Golse, pédopsychiatre
Une émotion est un ensemble de réponses du corps humain, simultanées et brèves, provoquées par une situation inhabituelle dans notre environnement. Elle comprend trois types de réponses :
- Une réponse physiologique : le cœur s’emballe, les paumes sont moites, le souffle s’accélère…
- Une réponse corporelle : sourire, larmes, mouvements incontrôlables…
- Des sentiments et processus subjectifs : toutes les pensées entraînées par l’événement (anticipation, projection, mémorisation)…
Quelles situations déclenchent nos émotions ?
- Les émotions négatives sont provoquées par un événement qui vient entraver l’atteinte de nos objectifs, ou un événement qui vient remettre en cause nos croyances.
- Les émotions positives, à l’inverse, découlent d’un événement venant favoriser la réussite de nos objectifs ou venant renforcer nos croyances.
À quoi nous servent les émotions ?
Les émotions nous sont précieuses, puisqu’elles permettent la mobilisation de tous nos moyens et toutes nos ressources afin de réagir de manière adéquate à la situation à laquelle nous sommes confrontés. En cela, les elles sont une source d’informations pour analyser l’environnement et y adapter sa réaction.
Les émotions : innées ou acquises ?
- Les émotions primaires seraient majoritairement partagées par tous et prédéterminées : la joie, la peur, la colère, la tristesse, le dégoût et la surprise.
- Les émotions secondaires seraient majoritairement culturelles et relèveraient donc de l’expérience : la culpabilité, la jalousie, l’orgueil, la honte, la timidité…
Au siège des émotions : le cerveau
Le cerveau se compose de millions de neurones reliés entre eux par des synapses. Ces connexions se mettent en place parce que le cerveau est sensible aux expériences de l’enfant : c’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale. Ainsi, un enfant aura toujours un potentiel de plasticité cérébrale plus conséquent qu’un adulte.
En 2017, lors de la première mise en ligne de cet article, nous évoquions la théorie du cerveau triunique de P. MacLean (1949). Désormais, une mise à jour s’impose : il s’agit en effet d’une notion dépassée, conformément aux recherches scientifiques actuelles. À présent, elles s’accordent à ne plus reconnaître un unique siège dédié exclusivement aux émotions dans le cerveau, mais bien de vastes réseaux de neurones spécifiques à chacune d’entre elles, connectant différentes aires cérébrales et permettant leur traitement.
Les émotions chez les tout-petits
Développement de la compétence émotionnelle chez l’enfant
La compétence émotionnelle regroupe :
- la capacité à savoir exprimer ses émotions,
- à les identifier (chez soi et chez les autres),
- à les verbaliser,
- mais aussi les comprendre (association émotion/situation) et les gérer.
De plus, l’autorégulation intervient pendant le développement de cette compétence émotionnelle. D’abord co-régulation (avec l’aide d’un adulte), puis l’enfant grandissant devient de plus en plus capable de gérer seul ses émotions.
Les grandes étapes du développement de la compétence émotionnelle
- Vers 8 semaines : Bébé exprime surtout sa tristesse, sa colère, sa joie, son dégoût, son intérêt ;
- 3 à 8 semaines : les premiers sourires apparaissent, et vers 6 mois c’est le tour des premiers rires ;
- Début des 2 ans : émergence des émotions secondaires ;
- Dès 3-4 ans : reconnaissance des émotions des autres ;
- Entre 4 et 6 ans : reconnaissance et désignation. Les émotions exprimées sont de plus en plus adaptées aux interactions sociales : dès 3 ans, le contrôle émotionnel commence à être possible, notamment grâce à l’acquisition de nouvelles compétences langagières et cognitives.
Des bouleversements émotionnels peuvent survenir au moment où les émotions et le social se rencontrent et se mêlent. On le sait, la compétence émotionnelle n’est pas la seule que le cerveau du tout-petit doit traiter et intégrer : de sa naissance à ses 6 ans environ, le développement socio-affectif de l’enfant comprend aussi ses fonctions cognitives (mémorisation, coordination pensée/action…), son langage, sa compétence sociale, ses fonctions motrices… Un tourbillon d’informations intervenant simultanément, et demandant donc attention, bienveillance et interactions positives pour accompagner au mieux Ptiloup à travers ses premières années de vie bien mouvementées !
Rôle de l’adulte dans la régulation des émotionnelle
L’adulte, qu’il soit parent ou professionnel de l’enfance, joue un grand rôle dans le développement de cette compétence émotionnelle ; alors, que faire exactement pour aider l’enfant en proie à ses émotions ?
Tout d’abord, on encourage et soutient les émotions manifestées pour le guider à identifier leurs causes et leurs conséquences potentielles. Voici quelques idées de jeux à mettre en place :
- Pour reconnaître et nommer les émotions : présentez visuellement les émotions et nommez-les avec votre enfant. On peut s’appuyer sur ce livre qui, sous forme de documentaire, explique avec des mots simples les émotions.
- Jeu d’association et d’imitation : avec ce mémo des émotions, Ptiloup travaille sa mémoire visuelle et la reconnaissance des émotions. Astuce : on lui demande de reproduire l’émotion perçue face à un miroir en n’hésitant pas à bien exagérer les traits !
- Sac à émotions : invitez votre enfant à y déposer symboliquement ses émotions à travers des petits sacs qui symbolisent chacun une émotion précise (joie, tristesse. Il va ainsi pouvoir prendre de la distance avec ce qui le traverse. Cela fonctionne aussi avec ce coussin attrape-colère.
- Cabane à cris : les cris sont un mode d’expression sain (avec modération, car nonobstant bruyants !). Ils vont permettre de décharger l’émotion. Invitez Ptitloup à s’isoler quelques instants dans sa cabane (même en carton) pour rediriger les cris et la surcharge émotionnelle.
- Balles sensorielles : elles permettent à l’enfant de les serrer très fort et d’y diriger toute sa colère ou sa peur.
En bref
La gestion des émotions est un long processus qui s’inscrit dans le développement socio-affectif des enfants. Alors, on s’arme de bienveillance et d’astuces pour les accompagner à les traverser. Et puis, on n’oublie surtout pas que nous, adultes, sommes des modèles pour les enfants. Notre propre gestion des émotions aura un effet miroir sur celle des enfants qui nous côtoient.
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- Pourquoi aider l’enfant à nommer ses émotions ?
- Les émotions chez l’enfant
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- Le Terrible Two : comment gérer la crise des 2 ans ?
Pour aller plus loin
- Le développement socioaffectif de l’enfant de 0 à 6 ans : un outil destiné aux acteurs en petite enfance (Institut National de Santé Publique du Québec, 2022) ;
- Émotions et apprentissages (Dunod, 2021) ;
- La théorie de l’esprit. Entre cognition, émotion et adaptation sociale. Nader-Grosbois, Nathalie (De Boeck Supérieur, 2011) ;
Bonjour, il serait nécessaire de vérifier les informations et concepts présentées dans cet article : la théorie du cerveau triunique (cerveau reptilien, …) est rejetée depuis longtemps par une majorité de scientifiques et ne fait pas vraiment de sens pour expliquer le développement émotionnel de l’enfant.
Bonjour,
Nous vous remercions pour ce commentaire qui nous a permis de nous mettre à jour sur cet article de 2017, en lien avec les recherches et avancées scientifiques les plus récentes.
Nous vous souhaitons une très bonne journée.